Tous les sports sont bons contre les maladies chroniques

Tous les sports sont bons contre les maladies chroniques

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L’exercice physique doit être prescrit et dosé chez les patients atteints d’une maladie chronique, au même titre que les autres traitements, d’après un rapport de l’Inserm. Le vrai défi étant de faire durer l’adhérence du patient au sport choisi… Quel qu’il soit.


1 Français sur 4 souffre d’une maladie chronique, et 3 sur 4 après 65 ans. Nils Hendrik Mueller / Cultura Creative / AFP


Faut-il plutôt nager pour lutter contre le diabète, faire du tai-chi contre le cancer, courir après un infarctus ? Si la nécessité de l’activité physique dans les maladies chroniques est aujourd’hui largement établie, la nature de l’activité à recommander ainsi que les moyens de la faire adopter sur le long terme par les patients restent encore peu clairs. C’est pour éclaircir ces points que le ministère des Sports a fait appel à des experts de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dont les travaux sont compilés dans un nouveau rapport.

Les bénéfices de la pratique d’une activité physique, adaptée si nécessaire, l’emportent sans conteste sur les risques encourus, quel que soit l’âge et l’état de santé des personnes, expliquent les auteurs du rapport. S’ils parlent d’activité physique et non de sport, c’est pour éviter les connotations de performance et de compétition que recouvrent le second terme : une “distinction essentielle“, d’après Laurent Fleury, responsable du Pôle Expertise Collective de l’Inserm, dans un communiqué.

Cancer du sein : 40% de mortalité en moins avec l’exercice physique

Des études “très rigoureuses testent, exactement comme pour des médicaments, l’efficacité de l’activité physique, et permettent d’établir des programmes adaptés prescrits comme un soin complémentaire aux autres traitements“, explique en conférence de presse le Pr Grégory Ninot, spécialiste des interventions non médicamenteuses et expert impliqué dans le rapport. Dans la dépression légère à modérée, par exemple, “3 séances par semaines d’activité physique sur 3 mois devraient être la prescription de première intention“, ajoute-t-il.

L’activité physique a ainsi montré des bénéfices intrinsèques pour traiter toutes les pathologies chroniques. Dans le cancer du sein par exemple, elle permet de réduire la mortalité globale de 40%, et de diminuer le risque de récidive de 25 à 30%. Elle diminue de 20% la mortalité après un infarctus, augmente le nombre de jours sans symptômes des asthmatiques, diminue les douleurs dans les rhumatismes inflammatoires chroniques… “La balance bénéfice/risque de l’activité physique est systématiquement favorable” face à ces pathologies chroniques, souligne le Dr Béatrice Fervers, oncologue et membre du groupe d’expert à l’origine du rapport. “Quand on n’est pas malade, on peut ne pas faire d’activité physique, c’est un choix, mais chez les malades chroniques, ce sont des soins qui doivent être prescrits et dosés“, conclut le Pr Ninot.

L’exercice physique diminue stress, inflammation et douleurs

Si l’exercice physique est bénéfique à autant de pathologies apparemment complètement différentes les unes des autres, c’est qu’en réalité elles partagent un certain nombre de facteurs de risque communs, parmi lesquels l’obésité, la consommation de tabac, la sédentarité et, justement, l’inactivité physique. Ainsi, ces maladies s’accompagnent toutes sur le long terme d’un “déconditionnement musculaire”, c’est-à-dire une altération de la puissance des muscles, et d’une augmentation de la masse grasse, en partie dus à la mobilité réduite et à une baisse de l’activité physique quotidienne, d’après le rapport. C’est un cercle vicieux : le patient se sent en moins bonne condition physique, et évite donc d’éprouver ses limites en baissant son niveau d’activité. Loin de préserver sa santé, il entraîne en réalité un affaiblissement général de sa condition physique.

Les effets bénéfiques de l’activité physique sont très largement multifactoriels. L’exercice permet ainsi d’augmenter la sérotonine (neurotransmetteur dont manquent les dépressifs), les endorphines (qui diminuent la douleur), ou encore l’endurance cardio-respiratoire, mais aussi de diminuer le stress et l’inflammation. L’activité physique permet ainsi de lutter contre la dépression, les douleurs, la forte pression artérielle ou encore la fatigue musculaire.

“Sur le plan physiologique, toutes les activités physiques sont équivalentes”

Mais finalement, quelle activité physique a la préférence des médecins ? Toutes, répondent-ils. “Une activité physique c’est quoi ? C’est juste bouger les muscles, augmenter le rythme cardiaque“, résume le Pr François Carré, cardiologue et expert impliqué dans le rapport. D’après leurs recherches, les experts sont formels : une activité ne vaut pas mieux qu’un autre. Du moment qu’elles travaillent l’endurance et le renforcement musculaire, “sur le plan physiologique, toutes les activités physiques sont équivalentes“, conclut le cardiologue. L’important c’est de trouver celle qui plaira suffisamment au patient pour qu’il la pratique régulièrement… Pendant le reste de sa vie. “Par exemple, si un patient vient me voir en me disant que la seule chose qu’il aime c’est le foot, je vais lui prescrire du football en marchant“, activité proposée dans certaines structures, illustre le Pr Carré.

Car le vrai problème n’est pas tant de prescrire l’activité physique que de convaincre le patient d’y adhérer sur le long terme. “30% des patients sont adhérents sur le long terme, grâce à l’usage de la prescription, plutôt que la recommandation, et au suivi“, explique le Pr Ninot, “mais on en a aussi 30% qui abandonnent au bout de 6 mois“. Pour cette raison, les experts concluent que l’activité physique doit être prescrite de manière individualisée, en accord avec les goûts et freins du patient.