Nous ne serions pas addicts aux smartphones mais aux interactions sociales
Auteur : Hélène Bour – Santé magazine – 09/03/2018
Les fonctions du smartphone les plus addictives seraient celles liées à la sociabilisation, laissant penser que nous serions davantage accros aux interactions sociales qu’aux smartphones en eux-mêmes, selon une étude de psychologie.
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Ce n’est pas le smartphone en lui-même qui est addictif, mais notre désir d’interactions sociales, via ces technologies. Telle est en une phrase la conclusion d’une étude publiée dans la revue Frontiers in Psychology, qui suggère que la dépendance au smartphone serait davantage hyper-sociale qu’anti-sociale, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord.
Ainsi, un ado qui serait accro à son smartphone, en permanence sur les réseaux sociaux, serait surtout dépendant aux interactions avec les autres. “Nous proposons de placer le curseur de la dépendance sur un mécanisme évolutif plus ancien : le besoin humain de surveiller et d’être surveillé par les autres”, résument ainsi les auteurs de l’étude, chercheurs au sein des départements de psychiatrie, de neuroscience cognitive et d’anthropologie de l’Université McGill de Montréal (Canada). Les chercheurs expliquent ainsi que l’humain a évolué, de sorte qu’il est devenu une espèce très sociable, qui nécessite d’avoir en permanence des interactions avec les autres, en quelque sorte pour trouver un “guide” des comportements sociaux et culturels appropriés, de la manière dont il doit se comporter pour être accepté par ses pairs. Les interactions sociales sont pour l’homme un moyen de se trouver des objectifs, et de se forger sa propre identité.
En passant en revue la littérature scientifique portant sur l’addiction aux smartphones, les chercheurs ont constaté que les fonctions les plus addictives de ces outils technologiques partageaient toutes un thème commun : elles exploitent le désir humain de se connecter avec d’autres personnes.
Une pulsion saine qui se transforme en addiction malsaine
Pour les chercheurs, cette addiction aux interactions sociales n’est cependant pas une bonne chose en soi lorsqu’elle est poussée à son paroxysme.
De la même façon que la surabondance de nourriture grasse et sucrée à portée de main entraîne des comportements addictifs, de l’obésité et des maladies cardiovasculaires, la possibilité d’avoir toujours plus d’interactions sociales (même virtuelles), peut mener à une dépendance néfaste et maladive.
La désactivations des notifications et la configuration d’horaires pour vérifier votre téléphone peuvent permettre de reprendre le contrôle, et de limiter la dépendance, indiquent les chercheurs. Un peu à la manière, pour l’addiction au sucre, de s’interdire de grignoter entre les repas, ou de ne pas acheter de sucreries.
Source : Science Daily