Randonnée : Déperlance et imperméabilité : connaissez-vous la différence ?

Par François Jourjon – Randonnée malin – Mars 2019
Quand on part en rando, c’est généralement pour profiter du paysage, de la faune, de la flore… mais pas pour parler de physique et chimie – je vous l’accorde.
Cela dit, c’est quand même sympa de rester au sec si jamais on se prend la pluie et c’est là qu’un peu de physique-chimie peut s’avérer utile ! A vrai dire, ça sert surtout avant, au moment du choix de son matériel de randonnée.
On va aborder des notions un peu techniques, mais le but de cet article est justement de vulgariser tout cela – pour que vous compreniez un peu mieux ce qui est écrit sur les descriptions des vêtements, chaussures ou du matériel de randonnée et compreniez certaines différences de performances et de prix (même si un prix élevé ne garantit pas une certaine qualité, mais c‘est un autre sujet).
Avant d’aller plus loin, il faut bien comprendre qu’un tissu est un enchevêtrement de fils.

Du coup, un tissu est généralement peu imperméable, à cause des trous entre les fils. Donc vous vous doutez bien que pour fabriquer des chaussures ou des vêtements qui résistent à l’eau, il faut bien rajouter quelque chose. Et c’est là qu’entrent en scène nos deux protagonistes : Imperméabilité et Déperlance.
Imperméabilité du matériel de randonnée
L’imperméabilité est la capacité d’un tissu à empêcher la pénétration de l’eau provenant de l’extérieur.
Sans trop rentrer dans les détails, un tissu peut être rendu imperméable de 2 manières différentes :
1 – A l’aide d’une membrane (imper-respirante), c’est-à-dire un film avec de minuscules trous, qui permet :
- d’empêcher l’eau extérieure de passer à l’intérieur ; et
- d’évacuer la transpiration de l’intérieur vers l’extérieur (ce qu’on appelle la respirabilité).
Cette membrane est associée au tissu pour former ce qu’on appelle un laminé (une superposition de couches) et il existe plusieurs procédés (ex : 2 couches, 2,5 couches, 3 couches pour les vestes de pluie).

2 – A l’aide d’une enduction, c’est à dire un produit chimique enduisant le tissu intérieur pour le rendre imperméable et respirant. A noter que les enductions sont généralement moins performantes et durables que les membranes et se trouvent surtout sur des vêtements d’entrée de gamme.
Il faut bien comprendre que l’imperméabilité ce n’est pas zéro ou un, noir ou blanc. Il existe différents degrés d’imperméabilité et l’imperméabilité d’un vêtement ne se cantonne pas qu’aux performances de son tissu et de sa membrane ou de son enduction, mais aussi à d’autres éléments, notamment l’étanchéification de ses coutures.
La difficulté pour les fabricants est de proposer du matériel à la fois imperméable et respirant sachant que (pour faire très simple) plus on se place du côté de l’imperméabilité, plus on s’éloigne de la respirabilité et inversement.
Les fabricants adaptent donc cela en fonction de la gamme. Par exemple :
- Pour une veste de pluie de trail, la respirabilité va être privilégiée et la veste laissera probablement passer l’eau après une ou quelques heures de pluie intense.
- Pour une veste d’alpinisme, l’imperméabilité va être privilégiée et la veste résistera à plusieurs heures de pluie intense, mais sera moins respirante que la veste de trail.
Note : Si vous voulez en savoir plus sur l’imperméabilité, je vous invite à lire cet article.
Déperlance du matériel de randonnée
La déperlance est la propriété d’un tissu sur lequel l’eau glisse et ne pénètre pas. Elle est réalisée à l’aide d’un traitement chimique appliqué au tissu extérieur et n’est pas liée au tissu lui-même (composition, structure, densité…).
Avec une image, c’est très parlant.

Le but est que l’eau perle, ne pénètre pas le tissu et ne soit pas absorbée par le tissu. Le problème est que la déperlance a ses limites et qu’au bout d’une certain temps l’eau finit par pénétrer. Cela dépend de la qualité du traitement, de ce qu’il a vécu (il est toujours plus efficace au départ) et des conditions (intensité de la pluie, inclinaison, pression, etc.).
Ensuite, il y a deux possibilités :
1 – Si la déperlance est la seule protection contre l’eau que possède le tissu, l’eau passera à travers.
On trouve par exemple des softshells ou des pantalons de randonnée qui sont déperlants sans être imperméables. C’est pratique pour rester au sec pendant une petite averse, mais ils prendront vite l’eau si cela se prolonge. De plus, ces produits ont l’avantage d’être généralement plus respirants et moins chers que des produits imperméables similaires (veste de pluie et surpantalon par exemple).
On trouve également des sacs de couchage dont le tissu extérieur est déperlant, ce qui est pratique pour éviter que la rosée n’atteigne le garnissage.
2 – Si le tissu est également imperméable, après avoir pénétré le tissu extérieur l’eau sera arrêtée (en tout cas un temps) par la barrière imperméable (membrane ou enduction).
La plupart des vêtements et chaussures imperméables sont d’ailleurs déperlants. Mais pourquoi traiter un tissu qui est déjà imperméable pour le rendre déperlant ? N’est-ce pas redondant ? Voici deux raisons :
- Le tissu ne se gorge pas d’eau et reste donc plus léger.
- Le tissu ne se gorge pas d’eau et permet à la membrane ou l’enduction d’évacuer la transpiration correctement. Sans déperlance, la respirabilité serait beaucoup moins bonne.
Vous verrez parfois indiqué sur le matériel de randonnée : traitement DWR (Durable Water Repellent), ce qui signifie traitement déperlant durable.
Même avec un tel nom, une des limitations du traitement déperlant est sa durée de vie. Les frottements, la poussière… bref, l’utilisation fait que le traitement devient de moins en moins déperlant.
Il est possible de réactiver la déperlance soit en lavant son matériel correctement (voir les conseils du fabricant) soit en appliquant un traitement déperlant et souvent en faisant les deux. Il existe notamment les produits Nikwax qui sont une référence en la matière. J’en ai testés et c’est pour cela que j’en parle – pour rappel, il n’y a aucune pub ni placement de produit sur Randonner Malin et je n’ai aucun sponsor.
Certains traitements déperlants peuvent même être réactivés avec un peu de chaleur, le plus simple étant un petit tour au sèche-linge – mais avant de mettre votre veste de pluie à plusieurs centaines d’euros dans le sèche-linge, je vous conseille de regarder ce qui est préconisé par le fabricant.
Pour finir…
J’espère que vous comprenez maintenant bien la différence entre déperlance et imperméabilité et que vous ferez des choix de matériel avisés.

Pour finir sur une petite note écologique, sachez que beaucoup de traitements déperlants et produits pour réactiver la déperlance contiennent des produits nocifs pour l’environnement et notamment des PFC (perfluorocarbures). Certains fabricants ont creusé le sujet et proposent maintenant du matériel sans PFC (PFC free).