Les dangers des troubles du comportement alimentaire sur la santé du sportif

Les dangers des troubles du comportement alimentaire sur la santé du sportif

Il n’est pas toujours évident d’être bien dans ses baskets. Souvent provoqués par un dysfonctionnement psychologique, les troubles du comportement alimentaire peuvent mettre en danger l’intégrité physique du sportif.

Tous sports - Bien-être - Les dangers des troubles du comportement alimentaire sur la santé du sportif (Shutterstock)
Les dangers des troubles du comportement alimentaire sur la santé du sportif (Shutterstock)

Une instabilité émotionnelle, un perfectionnisme, une obsession à la performance… Les facteurs de risque aux troubles de comportement alimentaire sont nombreux. Cette pathologie regroupe trois types de troubles : l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie. Et s’ils sont tous les trois distincts, ils ont malgré tout deux points communs : l’alimentation de l’individu est dite “anormale” et celui-ci est excessivement préoccupé par l’image corporelle qu’il renvoie. Stéphane Lennon, diététicien-nutritionniste, vous explique.

Qu’entend-on derrière troubles du comportement alimentaire (TCA) ?

Cet objectif de poids souvent irréaliste et inadapté mène à des comportements dangereux. Les troubles du comportement alimentaire sont l’expression d’un mal-être voire d’une souffrance. L’anorexie et la boulimie en sont les principaux. L’anorexie est définie comme « un refus de vouloir se nourrir correctement. L’anorexique évite tout aliment à haute valeur calorique et cherche à manger le moins possible voire stoppe totalement son alimentation. Il cherche à perdre des calories par tous les moyens possibles ». 

À l’inverse, la boulimie se caractérise par « des épisodes de suralimentation durant lesquels la personne ingurgite d’énormes quantités de nourriture sans pouvoir s’arrêter ». Lors des crises de boulimie, l’individu a l’impression de perdre totalement le contrôle, a honte et se sent coupable d’avoir autant mangé. « Après la survenue d’une crise, les personnes compensent de manière non appropriée afin d’essayer d’éliminer les calories ingurgitées et d’éviter de prendre du poids. Les personnes boulimiques ont souvent recours aux vomissements, à l’usage abusif de médicaments (laxatifs, purgatifs, lavements, diurétiques), à l’hyperactivité ou encore au jeûne », explique le spécialiste. Un autre trouble, moins connu mais tout aussi dangereux, les complète :  l’hyperphagie. Sur une période de temps restreinte, l’individu « mange une grande quantité d’aliments de façon rapide jusqu’à ressentir un inconfort permanent au niveau digestif ». Contrairement au boulimique, l’hyperphage n’aura pas recours aux stratégies de contrôle de poids et peut, à terme, devenir obèse. 

Quels sont leurs impacts ?

Déjà néfastes pour le citoyen lambda, ces troubles le sont d’autant plus à l’effort. Le spécialiste dresse une liste de risques provoqués par la boulimie, l’hyperphagie ou l’anorexie, à différents degrés de gravité. Commune aux trois pathologies, la densité minérale osseuse va diminuer, ce qui va provoquer des risques de fractures accrues à l’exercice. Des conséquences psychologiques seront aussi notables : faible estime de soi, isolement, renfermement sur soi, irritabilité, difficulté à se concentrer.

Anorexie : 
-Fatigue, tremblements et vertiges. Le fait de moins s’alimenter à quelques heures de l’effort va empêcher le sportif de tenir sur la durée et à la même intensité. Il va manquer d’énergie et ne va pas se sentir bien.
-Diminution de la masse musculaire, y compris du cœur, ce qui va provoquer un affaiblissement de la fonction cardiaque par un apport moindre d’oxygène.
-La performance va aussi être altérée car la disponibilité énergétique va être inférieure aux besoins.
Boulimie : 
– Érosion de l’émail dentaire et hypokaliémie (manque de potassium dans le corps humain qui va provoquer des risques cardiaques et/ou des crampes musculaires) de par les vomissements. 
– La prise de diurétiques va rapidement provoquer une élimination en sel et en eau, ce qui va conduire à une déshydratation à l’effort.

Hyperphagie : 
Le principal risque chez l’hyperphage est la prise de poids. Le sportif hyperphage devenu obèse présente plus de risques cardio-vasculaires (un test à l’effort régulier est nécessaire) et musculo-squelettiques (impact du poids du corps sur les articulations). « Dans une artère, des plaques de graisses se déposent sur les parois, auxquelles s’ajoutent d’autres déchets qui peuvent boucher l’artère et empêcher le sang de circuler correctement vers le cœur, le cerveau ou les membres inférieurs. Cela fonctionne comme un tuyau d’arrosage lorsque vous mettez votre doigt au bout ».

Le risque d’hypoglycémie est aussi fréquent. “Classique” pour les anorexiques et boulimiques, puisque la privation de nourriture ou les vomissements vont provoquer un manque d’énergie. Chez les hyperphages, l’hypoglycémie sera “réactionnelle”. « Si l’individu consomme des produits sucrés 1h-1h15 avant l’effort par exemple, le pancréas va détecter une hausse de glycémie et va envoyer de l’insuline pour baisser le sucre dans le sang. Cela va avoir l’effet inverse : il y aura une baisse de glycémie au début de l’exercice ». 

Les conduites à tenir

Certaines pratiques comme les sports esthétiques (gymnastique, danse), d’endurance ou à catégorie de poids semblent les plus concernées, bien qu’il n’existe pas de fatalité et que n’importe quelle discipline peut être concernée. Dans la mesure où les pratiquants ont un rapport très étroit entre le poids et la performance, ces comportements déviants ne se font pas rares.

Certains conseils sont à suivre pour éviter ce genre de maladies ou retrouver un état de forme « de base ». Il est souvent très difficile de s’en sortir seul une fois plongé dans ces troubles du comportement alimentaire. Diminuer l’activité physique sera, dans un premier temps, l’une des recommandations. La prise en charge par un spécialiste (médecin, psychologue) n’est pas discutable, notamment dans le cas de l’anorexie qui peut devenir chronique et très grave (jusqu’au décès). Le praticien devra réussir à changer les croyances du sportif sur la relation poids-performance sportive et devra surtout lui proposer une thérapie adaptée. « Il ne faut pas avoir honte d’en parler. L’individu doit créer une relation de confiance avec le spécialiste pour le sortir de cette spirale négative. Il doit dédramatiser en permanence ». L’idée est aussi de mettre en avant et d’informer l’individu sur les dangers et les complications de tels comportements.