Compléments alimentaires : de plus en plus consommés, sont-ils vraiment utiles ?

Compléments alimentaires : de plus en plus consommés, sont-ils vraiment utiles ?

par SudOuest.fr avec AFP – Publié le 28/03/2018

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Ces compléments sont jugés “utiles pour lutter contre une alimentation déséquilibrée” par 67% des personnes interrogées dans un récent sondage – illustration Milena Boniek

Deux tiers des Français croient à leurs vertus pour la santé mais plusieurs études scientifiques n’y ont pas trouvé d’intérêt

Comprimé de vitamine C, cure de zinc contre le vieillissement de la peau, sirop aux plantes en prévention du rhume… Les compléments alimentaires sont-ils vraiment utiles ? En tout cas, deux tiers des Français croient à leurs vertus pour leur santé… mais la science reste très sceptique sur le sujet.

Une hausse de la consommation

Le marché des compléments alimentaires représentait 1,8 milliard d’euros en 2017. Soit une croissance de près de 6%, d’après le Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet), qui a publié mercredi un sondage expliquant le succès de tous ces produits. Ce marché n’était que d’un milliard d’euros en 2010. 

C’est un secteur qui ne connaît pas la crise. Les gens font une association entre beauté, santé et nutrition, à laquelle répondent ces compléments”, analyse le pharmacien biologiste Luc Cynober, auteur de “Tout sur les compléments alimentaires“.

Mal informés mais quand même convaincus

Deux tiers des Français avouent ne pas bien connaître le sujet. 45% se disent “peu informés” et 20% “pas du tout informés”, selon le sondage commandé par Synadiet, réalisé en ligne par OpinionWay auprès de 1 000 Français entre les 10 et 12 janvier.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation rappelle que, contrairement aux médicaments, ces produits ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché.Crédit photo : archives Fabien Cottereau

Pour autant, la majorité sont spontanément convaincus. Ces compléments sont jugés “utiles pour lutter contre une alimentation déséquilibrée (manque de magnésium, de calcium…)” par 67% des sondés, et presque autant (64%) les trouvent “utiles à certaines périodes de l’année pour éviter et limiter les petits maux (rhume, grippe, fatigue régulière…)”. Plus de la moitié (52%) estiment que “consommer des compléments alimentaires permet de prévenir ou ralentir certains problèmes de santé“.

Mises en garde de l’Anses

L’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses) a alerté à de multiples reprises sur ces produits qui, contrairement aux médicaments, ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché.

Par définition, un complément alimentaire ne peut avoir, ni revendiquer d’effets thérapeutiques“, lit-on sur son site Internet. Et le danger, selon elle, est de dépasser leslimites de sécurité” de prises de vitamines ou minéraux.

Plusieurs études scientifiques ont conclu, pour la grande majorité des compléments en vitamines ou minéraux, à l’absence d’intérêt prouvé.

Si les Français croient qu’ils reçoivent des fabricants une information alors qu’en vérité il s’agit de publicité, on les trompe“, déplore le pharmacologue Jean-Paul Giroud, de l’Académie de médecine. 

Pour des populations ciblées

Le pharmacien biologiste Luc Cynober préfère nuancer. “Raisonnons en termes de sous-populations. Le déficit en vitamine D est extrêmement fréquent chez les personnes âgées, et les gériatres en font prendre à raison. L’acide folique (vitamine B9) est absolument indispensable en début de grossesse, voire pour les femmes ayant un projet de maternité, pour prévenir le risque d’une maladie extrêmement grave”, la spina bifida, souligne-t-il. La prise de vitamine B9 durant au moins les deux premiers mois de grossesse fait d’ailleurs partie des recommandations d’un vaste plan de prévention dévoilé lundi par le gouvernement.

Mais d’autres compléments paraissent inutiles voire dangereux. Ce professeur de nutrition cite des cas de personnes qui se sont brûlées au soleil en prenant des pilules de “préparation au bronzage” qui, croyaient-elles, protégeraient leur peau. Et avec les compléments minceur, “on joue sur le désespoir des gens prêts à tout pour perdre des kilos.”

Synadiet se défend de promouvoir des produits miracles. “Le but est de compléter le régime alimentaire normal”, écrit-il.