Combien de plats préparés peut-on manger par semaine ?
Pour gagner du temps, bon nombre d’entre nous optent pour l’option «plats préparés». Salade césar, paëlla surgelée, cassoulet en conserve… Ces préparations contiennent souvent des substances industrielles, montrées du doigt par les professionnels de santé. Sont-elles vraiment mauvaises pour l’organisme ? Combien peut-on en consommer par semaine sans nuire à sa santé ? Réponses de trois spécialistes.
Déséquilibre alimentaire
La santé passe par l’assiette. Un décès précoce sur cinq dans le monde, soit 11 millions par an, pourrait être évité en revenant à un mode d’alimentation équilibrée. C’est ce que révèle une récente étude sur les effets des risques alimentaires sur la santé dans 195 pays, publiée le 3 avril dernier dans la revue scientifique The Lancet. Parmi les problèmes évoqués figure la consommation de plats préparés.
Si on en mange trop fréquemment, ces plats pourraient nuire à l’organisme. «Ils peuvent causer un déséquilibre calorique et alimentaire car ils manquent souvent de produits frais, de crudités, et contiennent des féculents», alerte Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition et activité physique à l’Institut Pasteur de Lille et auteur du livre Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ? (1). «Ce type d’alimentation doit être réservée aux situations exceptionnelles», assure la médecin nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache.
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“Pas plus de trois fois par semaine”
Certaines préparations font figure de mauvais élèves au rayon des plats préparés : ce sont les produits dits ultratransformés. «Ceux-ci contiennent au moins un additif industriel qui sert à améliorer le goût, l’arôme, la texture ou la couleur d’un plat mais qui n’a aucune valeur nutritionnelle», explique Anthony Fardet, chercheur en alimentation préventive et auteur de l’ouvrage Halte aux aliments ultra-transformés (2). Selon le Dr Chicheportiche-Ayache, certains additifs, comme les nitrates et les nitrites présents dans la charcuterie ou l’acide benzoïque dans les soupes en brique, seraient sous surveillance en raison de leur toxicité. «À terme, la multiplication de ces ingrédients dans un même produit décuplerait l’action nocive de ces substances», observe-t-elle. «Mais les scientifiques manquent de recul et de preuves concernant cet effet cocktail», nuance Anthony Fardet.
À côté des additifs, le reste de la composition des repas préparés laisse également à désirer. Du sel, du sucre et des graisses y sont présents en trop grande quantité. «Leur teneur en sel trop élevée n’est pas bonne pour le système cardio-vasculaire, précise le médecin nutritionniste. Les préparations trop riches en graisse et en sucre peuvent également entraîner du diabète et un risque de surpoids.»
Si la plupart des plats rapides ne sont pas un modèle d’équilibre nutritionnel, tous ne doivent pas être bannis pour autant de nos assiettes. Manger une paëlla surgelée ou une choucroute en conserve au dîner est possible mais avec modération. «Pas plus de 2 portions par jour de plats ultratransformés», recommande le chercheur en alimentation préventive. Le docteur Lecerf, quant à lui, conseille de ne pas en consommer plus de «trois fois par semaine». Au quotidien, on privilégiera plutôt les salades composées avec des produits frais non transformés et les préparations à base de légumes, de graines, de fruits à coque et de crudités aux barquettes micro-ondables à base de viande ou de poisson en sauce.
Bien lire les étiquettes
La solution pour repérer un plat préparé de qualité ? Décrypter les étiquettes et choisir la barquette «qui a la liste d’ingrédients la plus courte avec des produits que vous utilisez à la maison», conseille Anthony Fardet. «Cherchez le plat qui a le moins d’additifs possibles», complète la nutritionniste.
Les apports nutritionnels indiqués sur l’étiquette doivent être également surveillés : «Si vous avez moins de 5 grammes de graisse (lipides) et plus de 5 grammes de protéines pour une portion de 100 grammes, le produit est bon sur le plan nutritionnel», indique Jean-Michel Lecerf. De même pour le sel. Enfin, vérifiez l’indice glycémique, souvent élevé dans les plats préparés ultratransformés, «qui cause des fringales et un stockage des graisses», indique le Dr Chicheportiche-Ayache.
Pour les personnes allergiques aux tableaux nutritionnels, il existe une application mobile ScanUp (gratuite sur Apple Store et Google Play). Développée par la startup Siga dédiée à la recherche en alimentation, cette plateforme permet de connaître la qualité d’un produit en indiquant son niveau de transformation, appelé «score Siga», sur une échelle de 1 à 7. Une fois téléchargée, deux possibilités : «scanner le produit sur le même principe que l’application Yuka ou trouver le produit qu’on souhaite acheter parmi les 15.000 références du catalogue», explique Anthony Fardet, également président du Comité d’Experts Scientifique et Technique de Siga. Quelque soit les produits préparés achetés, un seul réflexe : s’informer avant de déguster.
(1) Jean-Michel Lecerf est l’auteur de Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ?, Éd Quae, 19 euros, 152 pages, paru en janvier 2019
(2) Anthony Fardet est l’auteur de Halte aux aliments ultra-transformés, Éd Thierry Souccard, 19,90 euros, 256 pages, paru en juin 2017